Cet été, protégeons notre littoral
Pollution, dérèglement climatique, fragilité des espaces naturels et de la biodiversité,… autant de problématiques liées à l’activité humaine.
Notre impact se traduit à différentes échelles, présentations.
Dérèglement climatique et érosion : l’inquiétude grandit sur l’île Oléron
L’océan Atlantique « ronge » environ tous les ans entre 10 à 20 mètres de sable au sud de l’Île d’Oléron, allant parfois jusqu’à 50 mètres, selon la violence des tempêtes. Cet effet d’ensablement et d’érosion est connu à travers l’histoire. Mais le réchauffement climatique accélère le phénomène. Alors que l’on prévoit une élévation du niveau de la mer d’un mètre à l’horizon de 2100, l’érosion des plages pourraient devenir exponentielle.
A titre d’exemple, l’érosion a découvert en 2013 à Grand-Village-Plage d’anciennes décharges aménagées dans des cratères d’obus. Celles-ci étaient situées à l’époque à plus de 250 mètres de la plage…
Xavier Bertin, chercheur au CNRS et responsable de l’équipe « dynamique physique du littoral » à l’Université de La Rochelle, explique que le phénomène est dix fois plus rapide sur l’île d’Oléron que n’importe où ailleurs en Europe.
« En Charente-Maritime, la mer monte chaque année de 3,5 mm. Ça n’a l’air de rien, mais cela représente 35 cm en un siècle », insiste Xavier Bertin (1). Ces données servent aux scientifiques mais surtout à sensibiliser le grand public aux dangers du littoral Atlantique. En hiver, l’érosion des dunes forme des murs de sable hauts de 2 à 15 mètres. « Avec les marées, des promeneurs peuvent se retrouver coincés sur la plage, sans possibilité de remonter. Les risques d’éboulement mais surtout d’ensevelissement sont très importants ».
Nettoyage des plages : l’environnement vous dit merci
De nombreuses plages de notre littoral sont remplis de détritus. Entre les mégots, les matières plastiques et ces derniers temps les masques jetables, la biodiversité marine et son environnement sont évidemment les premières victimes de ce fléau.
« Si on ne mesure pas exactement comment la pollution qui touche les plages a évolué ces dernières décennies, on sait de façon sûre que la production de plastique a drastiquement augmenté. » Erik van Sebille, océanographe de l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas.
« 80 % des déchets sur les rivages sont composés de plastique. » Association Surfrider
De façon générale, la prise de conscience citoyenne est croissante et les initiatives de ramassage de déchets se multiplient :
- Nouvelle activité suédoise, les pratiquants de course à pied sur la plage font du “plogging”, contraction de “plocka upp” (“ramasser” en suédois) et “jogging”. L’idée étant de ramasser les déchets pendant sa séance sportive.
- La Ligue contre le cancer a lancé l’initiative “Plages sans tabac”. Il faut savoir qu’un mégot pollue à lui seul jusqu’à 500 litres d’eau et qu’il figure parmi les déchets les plus retrouvés sur notre littoral…
- Autre déchet figurant dans le top 10 des détritus les plus retrouvés sur nos plages : la paille des fastdoods. L’association Bas les pailles lutte contre son usage unique.
Attention déconfinement : la ruée des promeneurs menace les oiseaux d’eau
Avec le déconfinement et la liberté retrouvée, de nombreuses personnes se ruent vers les plages du littoral. Cette affluence perturbe l’activité de la faune en période de reproduction. Différentes institutions, telles que le CEN (Conservatoire des espaces naturels) ou la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), oeuvrent pour la protection des oiseaux et enseignent aux humains le partage des plages avec le reste du vivant.
« Avec le déconfinement, on a vu débarquer les gens sur les plages de manière disproportionnée et désorganisée. Or, c’est une période d’installation, de nidification et de reproduction essentielle pour nombre d’oiseaux. […] Les gens voient la nature comme un espace de liberté sans aucune contrainte. » Olivier Scher, employé du CEN
La principale menace pour les oiseaux vient des promeneurs imprudents et des chiens tout-fous. Des oiseaux, tels que les sternes nichent à même le sol. Elles peuvent être facilement dérangées et les oeufs écrasés involontairement. Les pertes peuvent se chiffrer à des dizaines.
Afin de sensibiliser, le Conservatoire du littoral, l’Office national des forêts, l’OFB (Office Français de la Biodiversité) ainsi que plusieurs associations ont lancé l’opération « Sauvez nos poussins », diffusant les « bonnes pratiques » à adopter en balade :
- Vérifiez que l’accès du site du littoral où vous souhaitez aller est autorisé
- Restez sur les sentiers balisés et habituels et tenez votre chien strictement en laisse
- Pour vos activités sportives ou récréatives, gagnez le plus rapidement possible le fil de l’eau et restez au plus proche de l’eau
- Éviter au maximum de fréquenter le haut de plage, les dunes de sable ou végétalisées en arrière littoral
- Si vous voyez un oiseau posé au sol qui vous semble blessé ou pousse des cris répétés, éloignez-vous au plus vite car il s’agit d’une manœuvre destinée à vous éloigner du nid ou une alarme indiquant la présence d’un nid ou de poussins
- Respectez les zones balisées avec une signalétique adaptée à l’opération.
Focus sur deux associations pour la protection marine
The Sea Cleaners
L’association The Sea Cleaners agit en mer pour collecter les macro-déchets plastiques dans les zones de fortes densités. Son président fondateur, le navigateur, Yvan Bourgnon, souhaite mettre à l’eau un géant des mers contre la pollution océanique « Le Manta ».
Pour en savoir plus sur l’association The Sea Cleaners
Sea Shepherd
ONG à but non lucratif, Sea Shepherd oeuvre à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. Fondée en 1977, elle est particulièrement engagée dans la lutte contre la pêche illégale, la chasse à la baleine, la chasse aux dauphins au Japon, la chasse aux phoques et la surpêche liée à la pêche industrielle.
En mars 2019, l’ONG a tiré le signal d’alarme quand le Grande America a coulé au large de La Rochelle. Par 4 600 mètres de fond, cette épave continue de tuer les animaux marins avec son pétrole et les produits chimiques (voir l’article).
Pour en savoir plus sur l’ONG Sea Shepherd
Sources : Le Littoral N°5.744 – Décembre 2019, Le Monde – Août 2018, Reporterre – mai 2020
Photos : Plages à Grand-Village-Plage, Oléron – © Julien Lépine, Coom
Envie d’aller plus loin ? Ces articles pourraient vous intéresser :
Développement durable : quand mon entreprise sauve la planète
Lutte contre la pollution numérique
Terre Limagne, quand le reboisement a un rôle collectif
« Entreprise engagée » pour la Chaîne des Puys – Faille de Limagne, qu’est-ce que c’est ?
Papier et digital, une stratégie à valeur ajoutée
Quand la pandémie fait baisser la pollution et revivre la Nature